On connaissait les sites de tir de Bourges (Direction Générale des Armements) et Gramat (Commissariat à l’Energie Atomique), mais pas celui de Moronvilliers, car officiellement seuls des “tirs froids” y avaient lieu – hypothétiques essais de compression par explosifs de boules d’uranium appauvri pour “tester l’hydrodynamique des bombes atomiques”. De toute évidence il s’agissait surtout de tests pour rechercher les quantités minimales d’uranium hautement enrichi nécessaires pour obtenir une micro réaction nucléaire en comprimant avec des explosifs. Nous expliquons sur cette page comment fonctionnent ces engins (un élément fondamental est que la compression d’un morceau d’uranium enrichi ductile permet de réduire significativement la masse critique et donc d’obtenir surcriticité sur de très petites quantités de matière fissile). Rappelons qu’un ancien militaire (pilote de char AMX-30-RC) a également confirmé que la fission nucléaire est le secret de toutes les armes lourdes “conventionnelles” de l’armée française.
Tous les éléments sont regroupés à Moronvilliers. Damien Girard, le maire, indique que le site et ses alentours sont contaminés par du deutérium, du tritium et du béryllium, ingrédients indispensables pour démarrer la fission. Une vidéo d’un essai du CEA montre clairement un micro-flash au début de l’essai. Le plus compromettant, sans doute, c’est sans doute le fait que les explosions étaient capables de fondre jusqu’à 20 centimètres d’acier sur le pas de tir, ainsi que le béton en dessous de l’acier (selon le témoignage d’un salarié en charge de nettoyer, sans aucune protection, le site, décédé d’un cancer depuis). On préparait des socles en béton d’un mètre d’épaisseur, avec en plus un blindage d’acier…
Ajoutons au tableau le fait que le CEA disposait, depuis au moins 1984, d’un… canon d’AMX-30, char d’assaut de l’armée française (merci également à Damien Girard pour l’information). Ce canon, lisse et non rayé, destiné donc certainement à des tirs à courte portée, servait certainement à des tirs d’essai des obus, sur le site. Difficile de soutenir que l’armée française ne disposait pas déjà de cette technologie lors de la guerre du Golfe en 1991.
La contamination au plutonium rapportée par France 3 peut aussi confirmer l’hypothèse de la micro-fission nucléaire, avec une mauvaise séparation entre U235 et U238 (on a trouvé jusqu’à présent extrêmement peu de plutonium sur les champs de bataille, l’uranium hautement enrichi étant bien isolé du ballast en U238, peut être pour éviter des accusations qu’un élément aussi connu que le plutonium entraînerait). Il s’agissait certainement d’essais d’engins plus primitifs que ceux utilisés sur les champs de bataille. Moronvilliers était bien un site de développement pour ces munitions à micro-fission…
(Les jets de neutrons de la fission d’U235 peuvent être interceptés par les atomes, quand un atome d’U238 intercepte un neutron il est dit “activé”, se change en quelques jours en plutonium 239. U235, parfois, intercepte un neutron au lieu de fissionner, produisant un atome d’U236, on en trouve des quantités importantes en Irak et Afghanistan.)
Moronvilliers a attiré l’attention car l’épidémie de cancers autour du camp est connue, elle a été documentée par des associations. L’ajout d’uranium appauvri et sa vaporisation par les explosions a exposé les villages voisins à d’importantes retombées radioactives. “Avec du recul, les maires des communes de Courtry, Vaujours et Moronvilliers se sont rendus à l’évidence que les taux de mortalité par cancers étaient très supérieurs à celui de la moyenne nationale (ex : à Courtry, 49 % de décès par cancers pour les hommes et 52 % pour les femmes).” (site d’un cabinet d’avocat azuréen) – cf aussi reportage France Info (pour une fois que les médias s’intéressent à un sujet dans l’ensemble entièrement tabou)